Chez nos ancêtres païens, il n'y avait pas de temple, en tout cas pas sous la forme d'un bâtiment. Les lieux sacrés étaient des sites naturels : une clairière au cœur de la forêt, un bois entier, un rocher particulier, ou encore certains arbres.
Concernant ces derniers, il s'agissait généralement des plus vieux sujets, parfois plusieurs fois millénaires.
L'arbre est alors souvent représenté comme un lien entre le monde souterrain et le monde céleste. Dans certaines cultures, chaque espèce est même associée à une divinité.
"Selon certains membres dissidents de la Druidicca, Yggdrasil ("l'Arbre-Monde", point de rencontre entre la terre et les cieux), se situe au cœur de chacun d'entre nous. Car comment expliquer sinon la ressemblance frappante entre nos poumons et les branches d'un arbre qui se tend vers le ciel ?" Salliah (Ysambre - Le Monde Arbre, Mickaël Ivorra et Séverine Pineaux)
Les pratiques autour de ces arbres sacrés étaient variées : des simples remerciements et recueillements à la consultation de leur sagesse en tant qu'oracles, en passant par des cérémonies pour appeler un évènement de ses vœux, comme la pluie par exemple.
Il était parfois de coutume d'accrocher des objets magiques aux branches ou dans les troncs creux, de disposer des bougies ou de nouer des bouts d'étoffe sur les rameaux voire des peaux de bête, ou simplement de les décorer. Certains confectionnaient des autels à leurs pieds, versaient des liquides tels des offrandes, qui pouvaient aussi prendre la forme de nourriture, de fleurs ou divers objets. Certains arbres faisaient même l'objet de pèlerinages.
S'il était permis de toucher ces arbres sacrés, certains avaient coutume de les enlacer, de les embrasser, voire de prélever des parties de ces arbres pour des rituels (généralement les druides) ; certains arbres ne devaient au contraire être touchés sous aucun prétexte.
Une pratique qu'on jugerait aujourd'hui néfaste pour l'arbre consistait à y planter des clous comme autant de maux dont on voulait se débarrasser.
Lorsque nos ancêtres païens commencèrent à être confrontés à la christianisation et donc au clergé, ce dernier procéda, pour les plus virulents, à des abattages en nombre de ces arbres sacrés ou simplement à des interdictions de se recueillir à leur pied. D’autres ont tenté de capter la vénération des fidèles en disposant des crucifix ou des vierges dans les arbres en question. Des messes furent également pratiquées devant des arbres relevant de culte païen.
Certaines spiritualités pratiquent encore ce qu'on peut appeler la dendrolâtrie (le culte des arbres), notamment les animistes, pour qui chaque être et même chaque chose est dotée d'une âme, d'un esprit.
"Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois
Dans votre solitude où je rentre en moi-même
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime."
Victor Hugo
En France, le tilleul de Réaumont dans l’Isère, âgé de 600 ans, creux comme souvent pour les arbres de cet âge, est encore célébré aujourd’hui tous les ans le troisième week-end d’octobre lors du festival de l’Arbre. Le chêne des Hindrés, âgé de 450 ans et situé en forêt de Paimpont (que l'on attribue à la forêt mythique de Brocéliande), fait semble-t-il encore l'objet de célébrations druidiques. L'association A.R.B.R.E.S. (Arbres Remarquables : Bilan, Recherche, Études et Sauvegarde) tient un inventaire national des arbres remarquables, parmi lesquels se cachent certainement des spécimens objets de culte...
Si votre pratique inclue une part de culte des arbres ou que cet spiritualité vous attire, rappelons qu'il faut éviter toute blessure infligée aux arbres (risquant d'entraîner à terme sa mort par le vecteur de bactéries, champignons ou insectes) et que l'utilisation de bougies à leur proximité est déconseillée (ou alors doit se pratiquer sous étroite surveillance et avec de l'eau en abondance à proximité).
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