Savez-vous comment grandissent les arbres ? Outre la croissance du système racinaire, ils ont deux types de croissance : verticale et en diamètre.
Est-ce la base qui pousse le sommet toujours plus haut ? Chaque centimètre de haut qui s'étire d'année en année ? Si tel était le cas, lorsqu'un oiseau se pose au sommet d'un arbre et en casse la pointe par mégarde, alors cette pointe cassée serait en haut de l'arbre toute sa vie. Si on accrochait un panneau à un arbre, il monterait petit à petit... On pourrait presque le croire en jetant un œil à la photo ci-dessous.
Comment cette bande s'est-elle retrouvée là-haut ? Ma collègue canadienne m'a rappelé que nous étions venues quelques mois plus tôt la poser à hauteur d'épaule, alors que le sol était recouvert d'un *épais* manteau de neige...
En réalité, s'agissant de la croissance en hauteur, l'arbre ajoute chaque année une pousse supplémentaire à son sommet et une nouvelle couronne de branches, comme un enfant construit une tour en posant des cubes les uns sur les autres. Compter les couronnes de branches est donc une manière assez fiable de déterminer l'âge d'un arbre à quelques années près. C'est particulièrement facile sur les conifères, surtout les Pins (méfiez-vous des Sapins, ils ont plus d'un tour dans leur sac et leur taille peut être très trompeuse : on en reparlera...). On remarque aussi les années plus difficiles (sécheresse...) que les autres avec des hauteurs de pousse moindres.
Arrivez-vous à compter les couronnes de branches sur ces Pins ? Ils ont entre 10 et 15 ans !
Vous pouvez aussi savoir depuis combien de temps une branche existe sur un arbre de la même façon en comptant le nombre de sections sur une même branche. La couronne la plus haute est composée de branches d'une section, les branches de la seconde couronne ont 2 sections, etc.
A l'extrémité haute des arbres se trouve toujours un bourgeon, appelé "bourgeon terminal" : c'est lui qui assure cette croissance. Les bourgeons dits "axillaires", situés à proximité, s'occupent eux de la croissance des branches.
Toutefois, si le bourgeon terminal a subi des dommages (notre ami l'oiseau venu se percher, le gel, un chevreuil gourmand, un humain négligeant avec un jeune arbre...), alors les bourgeons axillaires prendront le relai et l'arbre développera souvent plusieurs nouvelles tiges au sommet. Généralement, l'une d'elle prendra rapidement la dominance sur les autres et redonnera un profil rectiligne à l'arbre, ou alors on aura affaire à ce que l'on appelle des "jumelles". C'est le cas de l'arbre ci-dessous, plusieurs fois centenaire et délaissé par les colons à l'Est du Canada : à une certaine hauteur, il se partage en deux troncs car aucun des deux rameaux qui ont pris la suite du bourgeon terminal cassé n'a cédé dans la course à la lumière.
Les jumelles se développent quasiment avec la surface feuillée de deux arbres et ont donc une croissance en diamètre boostée comparée à leurs voisins qui n'ont jamais perdu leur tête. Comment cette croissance en diamètre est-elle possible ? Est-ce le centre de l'arbre qui fabrique des cellules et l'écorce qui s'écarte ?
En réalité, le centre de l'arbre est constitué de cellules mortes (mais pas pourries pour autant) : on l'appelle le "duramen". C'est là qu'est stocké le CO2 engrangé par l'arbre au long de sa vie et c'est la partie utilisée en charpente et menuiserie par exemple. Autour se trouve une part de bois vivant à travers laquelle passe la sève et qui est sensible aux insectes et maladies : c'est "l'aubier". Entre l'aubier et la protection constituée par l'écorce, se trouve une mince couche de cellules capables de se diviser et de s'attribuer diverses fonctions : on l'appelle le cambium. Pour simplifier, certaines de ces cellules créées vont devenir de l'aubier vers l'intérieur et assurer cette croissance en épaisseur d'un cerne par an ; d'autres, vers l'extérieur, vont devenir de l'écorce.
Si on voulait résumer, on pourrait comparer la croissance des arbres à des cônes qui s'empilent les uns sur les autres tous les ans !
Par conséquent, si on coupe l'arbre à plusieurs mètres de haut, on comptera fatalement moins de cernes que si on le coupe à sa base.
La prochaine fois que vous croisez un arbre creux, essayez de voir si vous ne trouvez pas la naissance de ses branches à l'intérieur comme dans la photo ci-dessous : c'est un phénomène que j'aime beaucoup observer et qui rappelle comment l'arbre a poussé...
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